05 octobre 2009

Nungesser : un stade au point mort

Bakchich Télé consacre un dossier complet à Nungesser 2. La vidéo (au milieu de l'article) nous éclaire sur les tenants et les aboutissants du dossiers : http://www.bakchich.info/Valenciennes-un-stade-au-point,08868.html (c'est à cette adresse que vous pouvez voir la vidéo)

Voici aussi l'article paru lundi 5 octobre 2009 dans ce journal.

Surprise à Valenciennes ! Le tribunal administratif de Lille a annulé le permis de construire du nouveau stade Nungesser 2, en travaux depuis plus d’un an. Et la polémique boursoufle au pays de Borloo…

Accordé par Valenciennes Métropole pour un euro symbolique à la ville de Valenciennes, le permis de construire du stade Nungesser 2 d’une capacité de 25 000 places, pourrit légèrement l’ambiance au pays des enveloppes enterrées. L’enceinte risque-t-elle la destruction ? Combien la Communauté d’agglomération, la région ou même la mairie vont-elles perdre dans cette histoire ? Le chantier étant suspendu, les entreprises Norpac et Sogea, filiales respectives de Bouygues et Vinci continuent de se rincer en attendant les développements judiciaires. Des pertes de 350 000 euros par mois estime la majorité qui tient la communauté d’agglomération. Un million d’euros pronostique l’opposition.

Au cœur de l’affaire, des riverains du futur Nungesser 2, excédés de voir ériger un stade à dix mètres de leur habitation alors que la rénovation du vieux Nungesser ou l’installation du nouveau stade en périphérie furent évoqués au départ du projet. Pour se défendre, ils évoquent des risques de nuisance sonore, des places de parking insuffisantes, des procédures faites à la hâte et qui ne respectent pas les normes d’urbanisme.

Et à ce petit jeu, tous les responsables cherchent leur coupable. La légalité (ou non) du permis incombe à la ville, ainsi que les frais si les choses tournent mal…

« Une position, a déclaré un proche du dossier, qui embarrasse pour le moins le député-maire de la ville Dominique Riquet, qui ne souhaite pas payer la note ». Le projet a, en effet, été mené par Valenciennes Métropole et initié parJean-Louis Borloo… président de l’agglomération jusqu’en 2008. Et dontValérie Létard, l’héritière du fauteuil de la présidence de Valenciennes Métropole et secrétaire d’Etat du même Jean-Louis, a signé les crédits sans moufter. Bref un sacré pastis touillé par de petits riverains.

Si Jean Luc Chagnon s’est montré solidaire des riverains, ce n’est pas le cas de tous les élus socialistes de l’intercommunalité comme l’a souligné furax, le Vert Luc Coppin, vice-président de Valenciennes Métropole, « on était quatre à voter contre le projet du stade et 98 pour, les socialistes compris, c’est un scandale ! M. Décourrières (président du club VAFC) était à ce moment là Président de l’aménagement du territoire dans Valenciennes Métropole. Un poste qu’il a brigué pour uniquement fabriquer son stade. »

DES VESTIGES VAUBAN TRÈS EMBARASSANTS

Début 2008, alors que les travaux commencent, le débroussaillage de la voie d’accès fait apparaître de curieuses pierres. Des riverains croient deviner des restes de vestiges Vauban. Des spécialistes et des anciens du quartier confirment qu’il existe tout un réseau de galeries et peut-être même davantage. L’association Citoyens de Nungesser s’en étonne puisque l’existence de ces vestiges n’apparaît pas sur le diagnostique archéologique de la ville. Le tribunal s’en est aussi étonné et a jugé que la ville n’avait pas assez donné d’éléments pour éventuellement conserver cet élément du patrimoine. Selon Maître Manuel Gros, avocat de la défense,« Valenciennes Métropole n’a pas nié l’existence de vestiges qui étaient connus depuis 40 ans mais a conclu qu’elles étaient sans intérêt. »

Connus depuis 40 ans ? « Très bien, dit l’avocat de l’association, Pierre-Etienne Bodart, mais alors s’ils en avaient connaissance, pourquoi ces éléments ne figuraient pas dans le permis de construire ni dans l’étude d’impact ? » Il rajoute, « je crois sincèrement que si ces vestiges n’avaient pas été mis à jour par l’association et d’autres personnes, ils auraient été comblés et que des voies d’accès n’auraient jamais été réalisées s’il n’y avait pas eu une mobilisation citoyenne. » Quant à la connaissance parfaite des lieux, rien n’est moins sûr. Bakchich a contacté Yves Roumegoux, l’archéologue mandaté par la DRAC (Direction régionale d’Affaire Culturelle) pour visiter ces anciennes fortifications. Il nous informe que « ces vestiges étaient complètement oubliés puisqu’ils étaient recouverts de forêts et de mauvaises herbes. Et c’est à l’occasion du chantier qu’on les a redécouverts. » Étrange.

LA FOIRE FOUILLE DE L’ARCHÉOLOGIE

Ce qui est certain, c’est que les plans du service archéologique de Valenciennes n’étaient pas à jour. Il a fallu, courant 2008, que Valenciennes Métropole engage un architecte réputé François Bisman pour disposer de l’ensemble des données grâce aux plans des archives militaires. A partir de son diagnostic, les vestiges n’ont pas été condamnés mais remblayés avec soin. Bon point pour l’agglo mais un peu tard peut-être.

Des vestiges sans intérêt ? Pas sûr. Mr Roumegoux déclarait à la Voix du Nord en mai 2008 qu’ils étaient « très intéressants ». Nicolas Faucherre, professeur d’archéologie à Nantes et spécialiste de Vauban déclarait sur le siteVa-info.fr que « peu d’exemples de ce type de fortifications subsistent. » Il pointait l’importance de la conservation d’une lunette- très rare- (un poste avancé de la citadelle de Valenciennes), située au bout d’une galerie, à deux pas de la fameuse voie d’accès du stade.

Reste la mise en valeur du site qui après la nomination des vestiges Vauban « patrimoine de l’humanité » en 2008 aurait pu soulever de plus amples interrogations. Et des questions pèsent toujours sur l’efficacité et l’abnégation du service archéologique de la ville de Valenciennes. Chose rarissime en France, ce service municipal est l’un des rares à disposer d’un agrément d’archéologie indispensables pour effectuer des diagnostiques. Dans les autres municipalités, on fait appel le plus souvent à la région (la DRAC) ou l’Etat (l’INRAP). Des responsabilités encore à fouiller.